"Une étoile est née..."

Publié le par Blue

Extraits du magazine Platine, Mai 98 ( à remettre dans le contexte: 98, c'est loin..)


Tu es connue au Québec, mais aussi au Canada anglophone puisque tu as reçu en 1996 deux Juno Awards à Toronto (Best New Solo Artist et Best Selling Francophone Album). Plus récemment, le billboard t'as reconnu comme meilleur espoir international. Comment tu l'expliques?
Ca vient de ce que j'ai fait avec Walt Disney pour Le bossu de Notre-Dame. Comme ils ont aimé ma version en français, celle-ci s'est retrouvée sur le soundtrack en anglais. Et tous les Canadiens ont dit : "Who's this girl who sings Esmeralda?" De là, j'ai fait des télés, des Junos... et ils pasent mes chansons en français.

Pour revenir au marché français, on parle d'un duo avec Pagny, Pavarotti...
Il y a eu une histoire de duo avec Pagny qui ne s'est pas fait. Quand au second, ce n'était pas Pavarotti mais Bocelli, et ça ne s'est pas fait non plus. J'ai une équipe très pointilleuse et certains projets ne rencontrent pas l'aval de mon équipe...

Parlons de Pure. Pourquoi y chanter des chansons de Daniel Seff (Ici, Alleluia)? Tu savais qu'il avait signé tousl es premiers tubes de Lenorman, également pour Mike Brant, et aujourd'hui Axelle Red?
Lenorman? Mike Brant? Je ne savais pas! Du reste, ça ne m'étonne pas. Seff a une façon d'écrire de mec, la force combinée à la fragilité, c'est ce que j'aime chez lui, notamment dans ses albums comme Prévenez les anges... Pour revenir à Axelle Red, ce n'est pas parce que j'aime les chanteuses à voix que je n'aime pas ce qu'elle fait. Au contraire, j'aime les chanteuses qui ont un autre truc à offrir, parce que forcément l'émotion passe par un autre chemin.

En 1992, à l'époque de ce premier album, tu enregistres avec de nombreux chanteurs québecois un disque pour la lutte contre le Sida, Au nom de l'amour... Tu n'en parle jamais. Tu es pudique dans tes actions caritatives?
Je trouve que la vraie générosité, ça se fait, ça ne se dit pas. Si tu veux faire quelque chose de ce type, tu les fais et tu fermes ta gueule. J'ai horreur de la démagogie de certains... J'ai vraiment une énorme pudeur par rapport à ça. Aujourd'hui, C'est  vrai que je me sers de mon nom pour aider l'Association Québecoise pour les enfants malades du coeur, mais personne ne sait si j'organise des matches pour les enfants, si je leur porte moi-même des jouets pour Noël... Pour moi, c'est quasiment religieux, je n'ai pas à le dire.

Cette participation en 1992 au disque pour la lutte contre le Sida aux côtés de tous les chanteurs Québecois prouve une certaine intégration.. Comment tu l'expliques?
J'ai pas essayé de séduire. J'ai dit ce que j'aimais et ce que j'aimais pas. J'étais intègre et simple, ce sont les deux qualités les plus appréciées par les Québecois. En plus, j'habitais là-bas en permanence, j'y payais mes taxes, j'employais des Québecois...

Après avoir chanté une chanson contre la lutte contre le Sida au Québec en 1992, on retrouve La différence dans Pure, une chanson sur l'homosexualité. Le problème te touche-t-il de si près?

Une de mes meilleures amies est homosexuelle. Ca me concerne par amitié, ça me concerne par amour. L'homosexualité comme l'intolérance.. est un de mes thèmes favoris. Je n'écris pas comme on endoctrine, j'en ai rien à fiche! J'ai pas écrit cette chanson pour dire "les hétéros on est des cons, les homos ont raison", pas du tout, j'ai écrit cette chanson comme on jette des couleurs sur une toile. En réaction à une histoire qu'un ami m'a racontée. Parce que l'intolérance, c'est crétin. Ces préjujés sans chercher à comprendre pourquoi, comment, c'est nul. Et puis que l'on soit homosexuel ou hétérosexuel, le Sida est présent.

En 1995, tu reçois deux félix à l'Adisq et on te voit même à la première de Lama au Palais des Congrès de Paris...

Ca, c'est parce que Lama a écouté ma version de Je suis malade sur Carpe Diem et a appelé ma maison d'édition en disant : " j'ai jamais entendu ça, il faut qu'elle vienne à Paris". Et il me l'a faite chanter au Palais des Congrès, le jour de la première en duo avec lui, le 28 janvier 1995. Il m'a remis mon disque de platine du Québec et ensuite m'a demandé de la rechanter seule alors que ça n'était pas prévu. Là, j'ai halluciné. J'ai déposé mon disque de Platine dans un coin, je me suis mise face au public et j'ai chanté. A la fin, quatre mille personneslevées. Quel souvenir pour ma première scène à Paris! L'énergie du public français est incroyable! Ce sont des latins, quand ils aiment un truc, ils se lèvent, ils crient... rien à voir avec les réactions des Québecois. La réaction du public au Palais des Congrès m'avait vraiment collée au mur.

Tu racontes que tu es restée au Québec de 1990 à 1997, mais ce n'est pas tout à fait exact puisqu'en 1991, tu rviens en France pour enregistrer la chanson du film "La neige et le feu" de Claude Pinoteau...

Il sait tout ce mec! Pourquoi Pinoteau? Parce que Cosma a appelé. Il m'a dit avoir écouté mon premier album et m'avoir choisie. Je crois que la vraie raison est que la fille qui devait le faire, Karoline Kluger, que j'avais connue en 1988 à l'Eurovision, et qui avait chanté la BO du précédent Pinoteau, ne pouvait plus le faire. Je crois que c'est la vraie raison car on m'a fait venir en France en 24 heures! Si on m'avait choisie, il y aurait eu un minimum de délai. Je regrette car parmis toutes les chansons de film de Cosma, c'est la seule qui ne soit jamais sortie en 45t. A cause de problème entre l'édition et la production. Ca me pompe de savoir qu'un belle chanson comme ça-une des plus belles de Cosma-ne soit que sur une compil des plus belles chansons de Cosma! (Ndls: egalement sur l'album de la BOF)

Tu n'as donc pas gagné de royalties?

Rien. Mais je m'en fous. Si je faisais ce métier pour l'argent, il y a longtemps que j'aurais abandonné.

On va attaquer les années tabou. Tu ne parles jamais de ta période en duo avec Franck Olivier, genre Stone et Charden. Avec lui, en 1990, tu as enregistré une autre version de Je sais, l'amour Voyage (en août 1990)... et il y a une photo de toi au verso de son album, toute vêtue de cuir rouge et noir. Tu n'assumes pas?
"L'amour voyage dans tes grands yeux.." (Elle chante) Je m'en souviens encore, n'empêche! (Rires.) Ce n'est pas que je n'assume pas, c'est que c'est une période de ma vie très douloureuse sur laquelle je n'ai pas envie de revenir. C'est quelqu'un qui m'a fait beaucoup de mal.. Je vais peser mes mots parce que je n'ai même pas envie de parler de lui... Il y a des gens bien et des gens pas bien: lui c'est pas quelqu'un de bien, c'est tout. C'est tout ce que j'ai à dire.

Au Québec, tu as sorti ton titre de l'Eurovision, Croire, en octobre 1990. Ta carrière avec Franck Olivier était finie?
Oui, ça n'a duré que 6 mois.

Les souvenirs de l'Eurovision en 1988 à Dublin sont meilleurs?

Oui. Je travaillais avec une petite équipe géniale: Michel Elmos, le producteur, avec sa femme Marie Myriam, Alain Garcia, l'auteur, Jacques Cardona, le compositeur (de Gold), Georges Augier de Moussac, l'arrangeur ( de Cabrel) ..

Pourtant Marie Myriam disait dans Viva Eurovision animée par dave que tu lui a demandé de venir avec toi dans ta loge pour qu'elle te tienne la main?
C'est vrai, je tremblais comme une feuille. D'abord parce que j'étais très malade, j'avais une bronchite, je toussais comme un chameau, je vomissais... Marie a été adorable, elle est restée avec moi tout le temps...

Tu as raconté que Karoline Kluger, qui concourair pour la Norvège t'as agressée?
Oui, c'est vrai. (Rires.) Elle m'a lancé : "I'm gonna get you bitch!" Dans un couloir après les répétitions, car tout le monde me donnait gagnant, surtout les irlandais qui d'ailleurs m'ont donné la note maximale. Derrière moi ce devait être l'Angleterre, puis Céline. C'est exactement l'inverse qui s'est produit. Egalement à ce concours, j'ai croisé un impressarion qui m'a dit que je ne marcherai jamais mais je ne dirais pas son nom.

Tu l'as revu depuis?
Oui. Il m'a dit simplement: "Bonjour, je ne vous demande pas comment ça va?" Je lui ai répondu : "Mais moi non plus." Il avait été si violent que je ne pourrais pas oublier. Lui non plus. Il avait l'attitude du mec jaloux qui ne peux pas faire ce qu'il veut de toi/ Peut-être, il aurait voulu me signer.. Quand le chat n'arrive pas au raisin, il dit qu'il est trop vert.

Tu as étudié la musique?
A 8 ans, mon père m'a acheté un piano, il m'a inscrite dans toutes les académies, j'ai fait 10 ans de chant classique, 10 ans de piano: solfège, fugue, harmonie.. j'ai tout fait. Je ne m'amusais pas avec les copines, il n'y avait qu'une chose qui m'intéressait: la musique. Quand je sortais, c'étais avec un walkman sur la tête. J'ai écrit ma première mélodie à 8 ans alors que je n'avais mon piano que depuis une semaine. Elle était d'une tristesse... Je la joue encore, il n'y a pas de texte.. A 14 ans, je chantais sur les scènes des boîtes à musique de Bruxelles.

Tes parents étaient musiciens?
Mon père était un passioné de musique qui avait travaillé avec Petula Clark. Encore une qui a eu de méchants hits! Quand il a rencontré maman, qui était une fan inconditionnelle de Nana Mouskouri, la plus grande carrière féminine au monde.. Il a arrêté la musique pour faire autre chose. Jusqu'à l'âge de 5 ans, on a vécu en Italie. Ensuite, jusqu'à mes 17 ans en Belgique. En 1987, je suis partie 2 ans en Irlande suivre un homme de 32 ans qui avait des enfants. Je n'ai plus aimé comme je l'ai aimé. Tant pissi je parait impudique mais c'est comme pour les chansons, si je ne raconte pas ce qui m'arrive, je ne peux pas inventer. Mes parents eux sont toujours en Belgique.

Tu as des anecdotes sur ton enfance de chanteuse?

Mon père voulait que je chante, que je reprenne le flambeau. Il a tout fait pour ça. Le premier disque qu'il m'a acheté quand j'avais 7 ans, c'est Je m'envole de Nicole Rieu. (Elle chante.) Après, comme il aimait beaucoup la country, il m'a fait écouter John Denver, Olivia Nexton-John.. je ne m'en souviens pas mais mes parents m'ont raconté que quand j'avais 18 mois, je chantais Mamy Blue aussi juste que si je la chantais aujourd'hui (elle chante à nouveau), en faisant la voix lead, les choeurs et en tapant dans les mains en rythme. Ce jour-là, ils ont compris que je n'étais pas "normale". A 5 ans, j'ai découvert les vocalises d'Eve Brenner (elle vocalise), une soprano colorato, dans Le Matin sur la rivière, et je l'imitais sans problème. Une autre jour, j'avais toujours 5 ans, j'étais dans la ford taunus jaune de mon père, une horreur, dans laquelle l(auroradio était pourri. Je lui ai dit "papa, je veux chanter, mais pas avec cette musique...". Comme il ne baissait pas son autoradio, j'ai sorti ma tête par la fenêtre et je regardais la couleur jaune de cette voiture que je toruvais horrible et j'ai chanté pour m'évader. 10 minutes après, on s'est arrêtés sur le bord de la route et je chantais. Mon père était devant moi atterré, comme un zombie, il répétait : "j'ai jamais entendu ça, j'ai jamais entendu ça!" Rentrés à la maison, il a crié : "Loulou, on a un problème, je crois que ta fille va être chanteuse!" ( Rires).





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J
on remarque qu'elle adore s'autocomplimenter....elle fais sa humble, mais pas tant que ca finalement, et sa carrière est jonchée de conflits du par un orgueil bien réel et un tempérament susceptible, on comprend pourquoi elle n'a pas tout réussi finalement meme si c'est une bonne chanteuse
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S
Salut. Cette interview m’a beaucoup appris sur l’une de mes chanteuses préférées. Merci :)
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P
Coucou. Merci de partager cette interview de Lara Fabian sur ton blog. C’est une chanteuse que j’aime beaucoup et ça me fait plaisir de lire ses débuts. Ciao
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